OLBIA
par M. Valery
Bibliothécaire du Roi aux Palais de Versailles et de Trianon
Voyages en Corse, a l’ile d’Elbe, et en Sardaigne⇒
Paris 1837
Librairie de L. Bourgeois-Maze, Editeur, Quai Voltaire, N. 23
en italien:
L’aspect des maisons est celui de grandes métairies alignées, blanchies. J’y fus reçu à merveille par un Sarde plein d’esprit, d’intelligence et de capacité, M. Puccio, qui, après une vie voyageuse et aventureuse, est revenu cultiver ses champs. M. Puccio faisait une très-plaisante peinture d’un certain hôte anglais qu’il avait gardé plusieurs jours, chasseur forcené, descendu chez lui avec dix-sept chiens et trois valets, qui partait avant le soleil levé, ne rentrait qu’à la nuit, se faisait servir à souper, et ne daignait pas lui adresser quatre paroles, solenne bestia, ainsi que le traitait la facétieuse rancune de M. Puccio.
Du point, dit Cucotto, donné pour l’emplacement de l’ancien arsenal, on jouit de la plus admirable vue du golfe.
Je souhaitais à la vieille église pisane l’élégant sacristain du temple de Delphes, modèle de l’immortel Eliacin, ce jeune Ion qui menaçait de percer de ses flèches les oiseaux du Parnasse, profanateurs du temple d’Apollon, et le cygne aux pieds de pourpre qui semblait voguer comme en ramant vers l’autel.
Deux colonnes de Saint-Simplicius sont du même brillant granit qu’une petite colonne voisine de l’église, et sans inscription. Ce granit est le même que celui des colonnes de l’église Sainte-Marie-Majeure de Rome, et ces colonnes, comme celles des baptistères de Pise et de Florence, paraissent avoir été tirées de Sardaigne. Une citerne bordée de granit, taillée dans le roc, et du temps de l’église, fournit abondamment une eau très-fraiche.
De l’église Saint-Simplicius, le point de vue de la plaine couronnée de collines de formes diverses, avec l’apparition de l’île Tavolara, est superbe. Près de là sont les traces d’une voie romaine.
Cette belle plaine de Terra-Nova, autrefois si florissante, qui compta jusqu’à douze cités et soixante-dix communes, si heureusement située au bord de la mer, abritée par les montagnes et sous un si beau climat, pourrait nourrir plus de cinquante mille habitants, et elle possède encore tous les éléments de son ancienne prospérité. Le même déclin s’applique au reste de l’île, sans que le sol y soit appauvri; elle a compté jusqu’à un million deux cent mille âmes, et malgré quelques récents progrès, elle n’en comptait en 1835 que cinq cent trois mille cinq cent trente-six.
C’est dans la plaine de Terra-Nova que fut défait et tué le général carthaginois Hannon, par L. Cornélius Scipion qui lui décerna de magnifiques funérailles auxquelles il assista.
SOURCES D’ILLUSTRATIONS
Cartes postales et photos, fin du 19ème / début du 20ème siècle
coll. Marella Giovannelli
Photo par Anna Giles (début du XXe siècle), coll. Marella Giovannelli
Cartes postales et photos, fin du 19ème / début du 20ème siècle
Salvatore Solinas – Flickr, Mauriziolbia – CC BY-SA 4.0, wikimedia commons
Reconstruction de l’ancienne Olbia, par Rubens D’Oriano – Surintendance du patrimoine archéologique Sardaigne