SANTA TERESA GALLURA
par Alberto La Marmora
Itinéraire de l’Ile de Sardaigne
Turin 1860
Chez les Frères Bocca, Libraires du Roi
en italien:
Le premier noyau de cette population fut la tour, dite aujourd’hui de Santa Teresa, et jadis de Longon-Sardo. Elle est placée sur la pointe d un promontoire, d’où elle domine le canal de Corse, presqu’en face de la ville de Bonifacio, distante de neuf milles marins, et en même temps elle défend l’entrée du port de Longon Sardo, qui se trouve à son pied oriental.
Cette tour fut momentanément occupée, le 18 juin 1802, par un prêtre Sarde fugitif, nommé Sanna; il s’intitulait Commissaire général du fameux Angioj, qui joua un grand rôle dans les événements politiques de la Sardaigne, vers la fin du dernier siècle. Ce Sanna vint de Corse avec d’autres conjurés Sardes dans l’intention de révolutionner l’île; ils s’emparèrent par surprise de cette tour où ils substituèrent au pavillon royal le drapeau tricolore Français, qu’ils saluèrent par des acclamations et par des salves d’artillerie; mais ces réjouissances furent de courte durée.
Ils furent bientôt attaqués par les troupes royales de terre et de mer. Sanna périt en combattant, mais un de ses compagnons nommé Cilocco, qui avait également figuré dans des troubles de 1795, après être parvenu à s’échapper et avoir longtemps erré parmi les rochers et dans les bois de la Gallura, fut vendu par un homme qui lui avait donné l’hospitalité; conduit à Sassari, il fut misérablement pendu dans cette même ville, où il avait commandé en maître quelques années auparavant.
En même temps le marquis de Villamarina et le chevalier Pierre Cabras-Misoro, grands propriétaires de ces lieux, accordaient gratuitement des terrains aux nouveaux colons, choisis surtout parmi les pasteurs des environs, que l’on se proposait de civiliser et de réduire à la vie sociale.
En 1808, lorsque cette population fut en croissance le roi Victor-Emmanuel I sanctionna l’érection du village auquel il imposa le nom de sa femme, Marie-Thérèse d’Autriche.
Son église n’est couverte que depuis peu d’années, grâce aux largesses de quelques personnes pieuses, parmi lesquelles mérite une mention particulière l’ex-impératrice vivante d’Autriche, fille du roi Victor Emmanuel I et de Marie-Thérèse, sous le patronage de laquelle avait été créé le village; j’ignore si cette église a été tout à fait achevée depuis que j’ai visité ce lieu pour la dernière fois en 1850.
Quoi qu’il en soit, le port de Longon-Sardo ou Longo Sardo, est connu dans l’histoire de l’île du moyen-âge à cause d’un château de ce nom, qui se trouvait à son extrémité, et dont on voit encore aujourd’hui les ruines. Ce château fut bâti, dit-on, par la princesse Éléonore d’Arborée, ce qui devait être indiqué par une inscription en marbre, malheureusement perdue.
En 1413 le port en question fut compris dans ceux qui de l’île auquel le roi accorda la faculté d’exporter des denrées, ce qui prouve qu’il était dé nouveau dans ses mains; mais en 1419 il devait de nouveau appartenir aux Doria, car il leur fut enlevé en 1420 par les troupes royales, ainsi que Terranova.
En 1422 Longon-Sardo fut assiégé, pillé et détruit par une flotte Génoise, commandée par François Spinola, qui transporta à Gênes non-seulement un riche butin, mais une partie de ses habitants; alors le roi en ordonna la démolition, ce qui fut exécuté dans l’année.
En 1423 le roi donna ces ruines et le port à Pierre Massa Carroz d’Arborée; depuis cette époque ce lieu resta entièrement dépeuplé et couvert de décombres et de broussailles, tel qu’on le voit aujourd’hui. Son port ayant été tout à fait négligé, s’est ensablé petit à petit, de sorte que les bâtiments d’une certaine portée ne peuvent plus approcher du point où jadis on opérait le chargement et le déchargement des marchandises.
SOURCES D’ILLUSTRATIONS
Dessins, peintures et lithographies du siècle XIX
Philippine La Marmora, Santa Teresa, ca 1854-1856, IN Luigi Piloni, Memorie sulla terra sarda: tempere inedite di Philippine de la Marmora (1854-1856), Cagliari, Fossataro, 1964.
Archivio di Stato di Torino, Plante de la fondation de Santa Teresa conçu par le roi Vittorio Emanuele I, archivio di Stato di Torino (photo par Francesco Raga – Flickr).
Lorenzo Pedrone, Pastore della Gallura, ca 1841, IN Luciano Baldassarre, Cenni sulla Sardegna, illustrati da 60 litografie in colore, Torino, Botta, 1841; Torino, Schiepatti, 1843 (rist. Archivio fotografico sardo, 1986, 2003).
Cartes postales et photos, fin du 19ème / début du 20ème siècle
Collection Archives historiques municipales de Santa Teresa Gallura
coll. www.araldicasardegna.org
Photos contemporaines
Rosanna Guspini